18 nov. 2011

Des moments inspirants

Au cours des deux dernières semaines, j'ai eu la chance de travailler comme artiste invitée à une école secondaire du Sud de l'Ontario. J'y ai offert des cours de mouvement et d'acrobaties, et j'ai aussi aidé des élèves en 11e année à écrire des "récits identitaires". Pas toujours facile, pour des adolescents, de penser à leur identité. Surtout quand ils proviennent de familles parfois unilingues anglophones, et qu'ils vont à une école francophone, qui essaye de leur imprégner une fierté franco-ontarienne. On a beaucoup discuté de ce à quoi ils s'identifiaient, et, pour leur donner un exemple d'un "moment identitaire", j'ai partagé avec eux mon poème Bi, qui parle de mon identité bilingue, plutôt que simplement franco. Je ne me doutais pas de ce que je venais de commencer! J'ai été invitée à partager mon poème dans une classe de "Creative Writing", dans laquelle les élèves m'ont posé des questions sur mon processus d'écriture. Puis, les élèves ont été invités à écrire leurs propres réflexions sur leur identité par rapport à la langue française. Ces pensées vont se retrouver en murale dans l'école, autour de mon poème à moi! C'est très flatteur. Mais ce qui m'a touchée encore plus profondément, c'est de lire certains des mots écrits par les élèves. J'en partage deux avec vous, qui m'ont particulièrement émue. En fait, ils m'ont laissée sans mots, les larmes aux yeux et le corps frissonnant. J'espère que vous les apprécierez autant que moi. Je remercie tous les élèves qui m'ont inspirée, qui m'ont touchée, et qui m'ont donné envie de continuer à partager mon amour des mots et du théâtre.

Sans plus tarder, voici deux beaux textes qui ne sont pas de moi, mais de deux adolescents qui ont répondu à ma crise identitaire. 

(un haiku)
Un jour je pourrai
Figure out the meaning of
"Franco-ontarien"

J'en tremble encore...


Mon coeur bat le français
  but I breathe English

J'en vibre toujours. Merci. 

13 nov. 2011

Des histoires

Y a des histoires qui se répètent
Y a des histoires qui se ressemblent
Y a des histoires qui doivent être racontées.
Et
Y a des histoires qu'on ne sait pas dire
Y a des histoires qu'on veut oublier
Y a des histoires qui ne se racontent pas.
Et
Ces histoires-là, elles se ramassent au fond d'un tiroir
Au fond de l'esprit d'un créateur frustré
D'un écrivain qui sent le manque
D'un auteur qui ne sait plus quoi dire
Ces histoires-là, elles blessent l'esprit du créateur frustré, de l'auteur en manque.
Elles amassent de la poussière et elles deviennent amères.
Ces histoires-là, plus on veut les oublier, plus elles font souffrir
Ces histoires-là ce sont celles qu'on devrait dire et redire jusqu'à ce qu'elles perdent de leur pouvoir.
Jusqu'à ce qu'elles ne se répètent plus jamais.
Jusqu'à ce qu'elles soient aussi présentes.
Aussi partagées.
Que les autres histoires.
Celles qu'on répète et qu'on redit.
Sans y penser.

9 nov. 2011

Poésie automnale

Un petit poème, écrit pour un autre projet, qui n'en a pas voulu. Je peux donc le partager avec vous, chers lecteurs que je néglige quelque peu...



Assise dans le silence, j’écoute la forêt tomber
comme elle le fait depuis des siècles
comme elle continuera de le faire          pour des siècles à venir
si on le lui permet.

La forêt tombe                               
une branche      une feuille à la fois
puis elle renaît
une pousse        une graine à la fois.

Assise dans le silence, j’écoute la forêt tomber
émerveillée par la nature qui m’entoure.

Un arbre pleure ses larmes dorées
et sur le ciel azur se découpe un nuage enflammé.

Soudain, dans le silence de la forêt qui tombe
j’entends le cri d’un geai bleu
le croassement d’une corneille
et la course d’un écureuil curieux
derrière moi.

Immobile            j’attends.

Il m’épie              inquiet et furtif.

Autour de nous, le vent fait chanter les branches
souffle les feuilles sèches sur le sol épineux
on dirait de la pluie.

L’écureuil curieux n’a pas bougé.

Et puis, il se décide
avance à petits pas
silencieux
dans la forêt qui s’anime
dans la forêt qui tombe
autour de moi.

Et l’écureuil curieux
qui connaît bien tous ces bruits
s’approche encore         à petits pas
s’arrête à mes pieds
renifle  indiscret.

Je retiens mon souffle
comme si j’étais moi-même un arbre
plus silencieuse que le vent qui d’une bourrasque fait danser les feuilles.

Curieuse à mon tour, je baisse les yeux sur l’écureuil
et le battement de mes paupières le fait fuir
effarouché.

J’étire mes membres endoloris

Un moteur vrombi au loin
et la forêt se tait à nouveau
pour continuer de tomber
silencieusement.