6 déc. 2010

Symphony

Finally, a new poem. I've been writing for other projects lately, but that shouldn't stop me from writing for this blog more often. This one was partly inspired by a workshop I did this weekend, and partly from just sitting in a sushi restaurant, listening. 


Silence.
     and then a swelling
  of sound
filling every little space.

Everything is moving
    and flowing
and binding and bonding
with each other.

And then     Silence
and stillness
and peace.
    filling every little space.

A moving cacophony of silent stillness
   Waiting
for something to happen
   for the next step
towards     a new movement
a new piece   a new scene     a new colour
to add
  to the symphony of life
of humanity
   moving flowing
  reaching and bumping
into each other

like little atoms
like little drops of water
moving   together
   towards
a moment of stillness to fill the room
the space    we inhabit
  in the Universe

ever flowing
towards
something new
   and exciting
       and scary
          terrifying
and yet
      so beautiful
this symphony       of life.

4 nov. 2010

Poème d'amour à ma ville

Un nouveau poème, que j'aime bien. Étrangement (ou peut-être pas), je l'ai écrit pendant que j'étais hors de la ville, dans une ville au sud de l'Ontario, à la frontière avec les USA. Un "vibe" très différent de ma petite capitale, mettons!

Ma ville est un village
   un village dans une ville
Un village où j'ai grandi
   une ville qui m'habite

Petite
mon village était un quartier
série de rues et de maisons familières
où je tissais mes histoires
avec l'aide de mes complices

Et puis
j'ai grandi    et mon village aussi
s'est élargi
s'est ouvert sur le monde
et mes yeux
se sont ouverts à sa beauté

Et puis
j'ai encore grandi   et j'ai appris
l'histoire de ma ville

et j'ai rêvé
que les murs pouvaient parler
me raconter
ce qu'ils avaient vu

et les arbres
et les pierres
m'ont aussi chuchoté leur histoire

histoires de labeur
de sang et de sueur

L'histoire d'un colonel britannique
ingénieur de génie
  homme sans pitié
    fondateur d'une ville
      mort dans le déshonneur

L'histoire des Canadien-français
L'histoire des Irlandais

forcés à travailler pour une pitance

L'histoire de la mort de centaines d'hommes
pour construire un canal
 qui ne servirait jamais
  à l'armée qui l'avait conçu

L'histoire d'un géant à la force légendaire
 et de sa bataille sur un pont

L'histoire des Shiners et de la terreur
  qu'ils ont semée
    dans mon village
 sans foi ni loi

Dans mon village   devenu ville
des hommes se sont battus
divisés par la langue     la religion

Dans mon village   devenu ville
des feux ont ravagé
des quartiers tout entiers

Dans mon village   devenu ville
des inscriptions sur les maisons
m'orientent
   dans les dédales du temps

Ici, un politicien a vécu
Là, un autre est mort

   et les fantômes d'un temps révolu
nous rappellent que l'histoire
   est vivante

Dans mon village   devenu ville
j'inscris ma propre histoire
mes propres repères
   mes propres repaires

Et mon histoire est bien vivante
et les lieux que j'ai hantés
  petite fille
résonnent encore des échos
de mes histoires   de mes complices

Ma ville est un village
   et j'y ai pris racine
Ma ville est une histoire
   que je découvre en marchant
Ma ville est un amour
   que je tiens à partager
Ma ville est une maîtresse
   que je ne peux pas quitter

Ma ville est une adolescente
   en pleine crise d'identité
sa poussée de croissance
  lui cause des douleurs
elle ne sait plus que faire
de ses longues extrémités

Maladroite, ma ville se cherche
   cherche à être aimée
Ma ville aimerait tellement
   être comme les grands

Mais ma ville est ce qu'elle est
  belle dans sa maladresse
Ma ville se découvre
  et s'ouvre à de nouvelles idées
Ma ville grandit     s'épanouit

Ma ville est un village
   une petite grande ville
Ma ville a une histoire
   que je veux vous conter.

28 oct. 2010

Dans la bouche des enfants

Dans la bouche des enfants
j'entends
des cris de rage    et de peur
des cris qui font mal
             qui ont mal
Des cris       qui ne devraient jamais sortir
  de la bouche d'un enfant.

Dans la cour d'école
 je vois
des bagarres    des attaques sournoises
des jeux qui font mal
             qui blessent
             qui détruisent
Des jeux   qui ne devraient jamais exister.

J'entends      Je vois
des enfants
qui ont peur de la différence
qui ont peur d'être différents
des enfants
qui n'ont pas appris
que la différence
nous unit
et que la beauté
est partout.

Dans ces jeux     Dans ces cris
j'entends    des parents
qui n'ont pas compris
que leurs enfants
sont différents
    de ce qu'ils ont été
et que les enfants
   sont beaux
et que les enfants
   ne voient pas la différence
avant qu'on la leur apprenne.

13 oct. 2010

Une nuit de poésie

Hier soir, j'ai eu l'occasion d'assister à la soirée d'ouverture du Canadian Festival of Spoken Word
On m'avait demandé d'écrire une réaction pour Ottawatonite.com, et voici ce qui en est sorti :

Des mots
Des mots
  des rythmes
dansent dans ma tête
   sans atteindre mon âme.
Des mots
  des mots qui sonnent
faux
    parfois
parfois si vrais
  qu'ils volent
  trop rapides pour mes oreilles
parfois alourdis
  par le rythme
qui leur est imposé.
Des mots
  qui ne demandent qu'à être offerts
humblement
avec une terrible vérité
qui fracasse et qui crie
   plus fort que la voix.
Des mots
  parfois forcés
  parfois trop
      recherchés    étudiés
pour créer    un effet
        de foule qui s'émerveille
devant l'habileté du poète
  à jouer   avec   les mots.
Mais sous ces mots
   ces rythmes
il y a trop   de vide
  de ce vide qui ne se remplit pas
  de ce vide qui gronde et qui assomme. 

Somme toute, je suis peut-être de ces gens-là
qui assomment à coups de mots
  en trop. 

Somme toute
    mes mots sont les mêmes
et mes rythmes
ne servent qu'à les porter 
   un peu plus loin
dans l'espoir de dire
   quelque chose
qui veuille dire
   quelque chose.

Quelques mots
  de trop
    sonnent faux
Et emplissent l'air d'une clameur
de slammeurs
   qui se félicitent
à coups de tapes dans le dos
et de mots
   trop de mots.

Mais les mots
  s'enchaînent dans ma tête
et sous ma plume.
Les mots
refusent d'être tus
  et les mots
mes mots
   se bousculent
avant que ma tête ne se ferme
  et s'entête à me dire
    t'en fais trop. 

T'en fais pas
il y aura toujours ceux-là
  qui prendront la plume pour épée
et qui voudront s'insurger
et qui voudront vociférer
pour une liberté qu'eux   ont déjà
gagnée.

Mais il y aura toujours          aussi
  des voix qui s'élèveront
au-dessus de tout ça.
   Des voix
dont les mots
ne crouleront pas sous le poids
d'une indignation vociférée.
Et leurs mots
s'élèveront
sans le poids d'un rythme imposé
sans l'éclat d'un cri surmené.
   Leurs mots
se rendront à nos oreilles
tout simplement
sans subterfuge.

Ces voix, elles se sont incrustées dans mon âme.
Elles l'ont touchée.
Je ne les oublierai jamais.

Et je ne peux qu'espérer
que parfois
   ma voix
soit l'une de celles-là
  sans fierté        ni fausse modestie
tout simplement moi
   sans même chercher à me démarquer  
   sans même souhaiter l'originalité.

Que nos mots s'élèvent
et soulèvent 
notre âme.

4 oct. 2010

Sidewalk art

On the sidewalk, a man sells his art
  on bits of paper
  and found rocks.
As I pass, he's playing his spoons
  on his knee.
Impressed, I smile at him.
His answering smile
lights up his face
  a toothless grin
  in this grey weatherbeaten face.

Despite the harshness
  of life
  of the elements
he is happy
  does not ask for my money
and takes my smile
  as a small offering
for the pleasure his art has given me.

1 oct. 2010

My brain

a new poem, which kind of explains why I haven't been writing more lately. 

     Brain       muddled
by     stuff                fluff

    useless junk
        fills
my permeable mind

leaving no room
  for what I love
 and long for

Ideas
  Creativity
    Imagination
Thoughts
   of my own

Earthly wants and needs    and desires
take up too much space
  and distract me

from what I really want
  and need
    and desire

Time        Space
  to create
      to think
         to breathe
and reconnect

with who I am
   was
      want to be
to become

to come clean  
   with myself

and to clean up the junk
   that permeates
my muddled brain.

21 sept. 2010

Broken Lines - Des trous dans la tête

J’ai des trous dans la tête
Broken lines
                dancing in my head
des lignes
                brisées                               
érodées par le temps
                                L’espace
                                Les circonstances
J’avais oublié
                le plaisir de la langue
de cette langue qui est mienne pourtant
Les mots coulent
                tellement mieux
un chant            
un ruisseau               
qui gazouille

But then
              I forget
get stuck
                on a broken line
Pieces of me that don’t fit
                properly
Awkwardly
I compose
                my prose
pas trop certaine comment
                les mots fit ensemble

Tsé veut dire?

Comme
                des lignes
                                brisées
Tsé?
Qui flottent dans ma tête

                And here I am
Trying
to connect the dots
                to reconstruct
                myself

Retrouver le flot des mots
Le flow
Mais y a un barrage

Cette autre langue
                aussi mienne
but still strange
                a familiar stranger that just won’t allow itself
                to get comfortable

Ça fit pas

Tsé veut dire?

You know?

It doesn’t flow
                like it should

Mélange étrange
Mezcla ajena

Pis j’sé pas d’où ça vient
                d’où ça sort and where it ends

Des lignes brisées
                dancent
              dans ma tête

Trying to connect the dots
                to see the hidden picture behind the broken lines

dancing
                like mysterious little Morris Men
dancing
               like broken stick figures
dancing
                comme des histoires décousues
dancing
                in my head.

A Zelian Coming Out

This one comes from the heart, my French heart, mon coeur anglais, qui ne sait plus où donner de la tête, parfois. C'est un premier jet -comme tous mes délire- and like a jet, it shot out quickly, without any time to think.

A coming out.
Une ode à Ottawa.
Des aveux.
A realisation.

Bref, je vous offre mon âme sur un plateau. Bon appétit!

***

Ça y est
je sors du placard
je le dis
je suis
bi

bi lingue
bi culturelle
bi nomale

bien nommée

Marie-Claire
Mon deuxième nom
pour mes deux cultures
ma famille
mes racines

Marie
pour Marie

for Marion
my Grannie-Mann

Claire
comme de l'eau
like Clarence
my grandfather

maternels

Mes mots
mes langues
s'entremêlent

si longtemps défendu
la langue de mon père
mes sources ottaviennes
franco-ontariennes
pour ne pas me perdre
dans la mer
puis soudain
la langue de ma mère
re-découverte
j'ai des souvenirs partagés
avec les autres
les "anglos"
mes sources ... torontoise?
et même ... américaines?

Sharon
         Lois
             Bram

Bibi
      Geneviève

chansons
  histoires
   comptines
partagées    divisées
         unies
chez moi

bi        

by the power of love
I was born
to two worlds
my friends
spoke one language
  or the other
     or both
no matter

we shared a common language
of play and wonder

and today I find
my mind wanders
from one
         to another
no matter

I play with words
sounds
les mots qu'il faut sont là
pour moi

les mots s'emportent
je flotte parmi leurs sons

and the sounds astound
my ears
my tongue
my bi cultural tongue

bi lingual
bi focal?

Trying to focus
and find my way

Sometimes I stumble
try to assimilate
and choose
confused

Je cherche qui je suis
je fuis
la vérité
moi
communique
comme unique
je fais deux

two worlds
words
collide

collusion d'idées
de pensées
fusion de cultures
et de thèmes...

et je t'aime, toi, ma ville
ma capitale

tu es comme moi
à cheval sur deux rives
qui s'esquivent et se retrouvent
ville bilingue qui ne s'avoue pas
it's your turn, my dearest
to come out
of your closet
to admit you are also
bi
lingual
bi
culturelle

founded
by
the English      the Irish         and the Scots
par les Canadien français

Y sont tous là, tous les raftsmen
ils t'ont aimée    t'ont baptisée
ma ville chérie

here they drank
there they fought
here they stayed

ont fondé
a rough shanty town
rife with strife

des rivalités
t'ont formée
De ville sans foi ni loi
devenue
capitale verte qui n'ose s'avouer

bi lingue
bi cultural

Et me voici
Ottavienne au fond de l'âme
voyageuse au long cours
artiste
    créatrice
qui s'affirme
enfin

qui sort de son placard
et qui dit qui écrit
et qui crie
qui je suis

I am not one
I am many
at least two
maybe three or four

pues dentro de mi alma
sueña una mujer castellana
y a veces
en mi mente
las palabras de esa época lejana
resuenan

Et dans mon corps
l'appel de la danse
du mouvement
se fait aussi fort
que le reste des mots
qui se bousculent
dans ma tête
dans mon âme

Mais

avant tout

envers et contre tout

je suis

I am


bi





And by the by
don't think
that I've got it all
figured out

Still I'm searching
ever looking
for a way
to reconcile
ces deux solitudes
fusionnées
en moi.

19 sept. 2010

Playa'

Inspiré par ce reportage:  http://www.cbc.ca/ideas/features/teens-world/index.html 


Hey baby! Hey sexy! 
Nice Ass!

Fuck off!

Tu te la joues, playa
Et moi j'm'en fous, playa

Tu t'rends pas compte
que tes mots blessent
Tu t'rends pas compte
que tes gestes rabaissent
ces pauvres filles
qui jouent le jeu 
de la séduction

Tu t'prends les boules, playa
Tu m'rends maboule, playa

Pauv' con
tu crois que l'argent
tu crois que l'pouvoir
font voir ton sex-appeal
et que les filles
ne veulent que toi

T'es tellement hot, playa
T'es tellement not, playa
Tu me fais chier, playa

Avec ton bling bling et tes jeux
et ton gros char
et tes mots laids
et ton rire gras

Vas donc t'faire voir, playa
Tu m'casses les couilles, playa!

Life

Living is easy with eyes closed 
but when you open them
Really open them

Life

is so bright
   so real
you just want to close them again
pull the covers over your head
          just for a few minutes longer

Please mom!
Just a few more minutes!

The lights            they hurt my eyes
The colours         they are too strong
The sounds         they are too loud
The world            it is too real

I can't deal
with this reality

Please mom
just a few more hours   days   years
in my cocoon of shadows

Before I wake up 
and feel and hear and see
the world as it is
so real
so strong
so bright

So terrifyingly present
So wonderfully strange
So gloriously painful

That I have to scream 
and gasp
and breathe in the lights
of the world 
as    it     is.

16 sept. 2010

Oldies but goodies

Here is a selection of my older poems and ravings from the past year or so.


Wolf
 A poem I wrote while I was working on A Grimm Tale, for the Fringe in 2008.

Strangely exciting, I find myself on a bed of roses. Prickly.
A man appears. A man. A wolf. A lover.
He bends down, picks me up, carries me home.
Lays me on a bed of fur. Fur all around. Within me without me. Fur.
Ever filling overwhelming feeling of falling ever forward.
I have no fear. Strange.
Fingers playing chords on my belly.
Playing scales between my legs. So soft.
Walking up and down my thighs. A virtuoso. I give in.
To what?
I give in.
Falling ever forward. Into love. Into life. Into the womb.
Healing my unborn soul. An adventure for two.
A war of bodies. A coming together. A binding bonding of souls.
Then peace. Bliss. My lover.
My lover folds his arms around me, tight. Tight. So tight. Too tight. I choke.
Let me go!
Let me go.
Get up get up get up.
No more. 


Scream

The only way
to be heard is to scream
The only time
to be seen is now
The only place
to be loved is here

I want to be heard
to be seen
to be loved

I want to scream
now
here.

Counting sheep

The King was sitting in his tower, counting sheep.
He wasn't trying to sleep, he was counting the sheep his son would receive for his coming birthday.
The King had been sitting in his tower, counting his son's sheep
for the past ten years.
Hi son was dead, his sheep, eaten by the wolves.
There was nothing left of all the original glory of his kingdom.
Only his tower,
his throne,
and the sheep in his head.

Anciens délires

En faisant le tour de mes délires, j'en ai trouvé quelques-uns que j'aime bien. Je les mets ici:


Un secret

C'est un secret, qu'elle me dit.
Un secret que tu ne peux dire à personne. Un secret que je n'ai le droit de dire à personne.

Mais à toi, je le chuchote.
Au creux de ton oreille en colimaçon, je vais déposer ces quelques mots, qui ne peuvent être répétés.
Ils doivent rester à jamais dans l'écrin de ce coquillage rose, comme une perle, précieuse et délicate.

Approche, et tends l'oreille.
Je vais te dire un secret.


Vent d'est

Un vent de tempête souffle sur la ville ce soir
vent de folie
vent de pluie
vent féroce
qui me force
à baisser la tête et foncer
sans rien voir
les yeux remplis de poussière
qui me mord le visage
et la rage
de ce vent d'est
fait voler les cannettes
battre les rideaux
pleurer les petites filles
qui ont peur du noir.

Vent du nord

Vent du nord
Vent qui mord
Vent de mort
pour ceux qui n'ont pas d'abris.
Vent mordant, je veux m'envoler
emporte-moi vers des contrées
où la lumière joue sur la glace
et où les glaçons sont grands comme des gratte-ciel.

Nuit d'hiver

nuit d'hiver au marché by
ça sent le froid la bière les cigarettes
le vent est mordant
sur les jambes presque nue
aux souliers inadaptés

nuit d'hiver au marché by
ça sent le froid la bière les cigarettes
le vent est cruel
sur les mains vides tendues
aux gants inexistants